Vendanges 2007
Les vendanges 2007 sont terminées. Par grand beau temps et vent du Nord, ce qui à la fois réjouit le vigneron et lui fait regretter que ces conditions idéales ne soient pas survenues un peu plus tôt. Mais le climat impose ses volontés et il faut nous y adapter. D'ailleurs, nous savons bien que c'est dans ce contexte difficile de la Bourgogne avec son régime septentrional d'intempéries, corrigées, surtout en fin de saison, par des conditions micro climatiques exceptionnelles, que le Pinot Noir et le Chardonnay trouvent les finesses de maturité qui les mènent au sommet de leur expression. Même à nous vignerons, ce « talent » inouï paraît parfois participer du miracle. Nous l'avons vérifié une fois de plus en ce millésime 2007 qui restera comme l'un des plus « hors normes » de ces dernières années.
Le début de saison fut exceptionnellement favorable :
Débourrement et sortie de raisins extrêmement précoces grâce à la chaleur d'un mois d'avril qui s'est pris pour un mois de juillet, avec pour conséquence une avance considérable dans le cycle végétatif. De plus, le fameux vent des Rameaux, celui qui souffle ce jour de Fête et qui annonce en général le vent dominant de l'année, en ce début d'avril souffle du nord et promet une année sèche.
On pense alors que se dessine un millésime type 2003 avec des vendanges à la mi-août. Le vigneron est plutôt heureux parce qu'à la floraison, elle aussi très précoce (vers le 20 mai), il voit se mettre en place une récolte de quantité moyenne, millerandée, bâtie pour faire un grand millésime. Seul bémol, cette floraison, qui s'étale sur 3 semaines, annonce des différences de maturation très importantes d'une parcelle à l'autre, d'un cep à l'autre et souvent d'une baie à l'autre dans la même grappe. Différences que l'on retrouvera à la vendange et qui obligeront à une cueillette encore plus sélective.
Ces décalages de maturité se constatent aussi au niveau des cépages ! au moins 10 jours de retard pour le Chardonnay par rapport au Pinot Noir, ce qui est tout à fait inhabituel. On retrouvera ce décalage de plus d'une semaine à la véraison et bien sûr à la récolte. La vendange des Chardonnays devra patienter d'autant après celle des Pinots.
Mais pour une fois, le vent des Rameaux cité ci-dessus va mentir et c'est tout le contraire de ce qu'on attend qui va se produire puisqu'à partir de mai on aura des vents d'Ouest et de Sud dominants et une saison souvent humide où se succéderont chaleur, orages, froid et humidité, tous facteurs amis de nos pires ennemis : le mildiou, l'oïdium et le botrytis. Nous les combattrons heureusement avec succès, sans quitter le cadre exclusif de nos options "bio" (biologie et biodynamie) grâce à l'attention sans relâche de Nicolas Jacob, notre Chef de culture, et de son équipe.
Sous ces conditions difficiles, une bonne partie de l'avance prise au printemps se perd au fil des semaines, même si la véraison autour du 20 juillet reste malgré tout très précoce. A l'époque on pense encore à des vendanges vers le 20 août et les vignerons prennent - ou ne prennent pas - leurs vacances en conséquence.
Mais la première partie du mois d'août va se révéler l'une des plus orageuses et humides de ces dernières années avec pour conséquence de présenter un challenge de plus au vigneron : le botrytis. Heureusement comme il fait froid, ce botrytis va bien moins se développer qu'on pouvait le craindre et, vers le 20 août, miracle si fréquent en Bourgogne, le temps va radicalement changer, le soleil revenir en force et ne plus nous quitter jusqu'à la fin du mois de Septembre.
Ce beau temps sec avec vent du nord va avoir pour conséquence d'une part d'arrêter les attaques de botrytis et de sécher les raisins atteints, d'autre part de hâter de manière spectaculaire la maturation du raisin. Grâce aux réserves d'eau accumulées dans le sol au cours de l'été, la photosynthèse va fonctionner à plein régime et la production de sucre dans le raisin s'accumuler à grande vitesse. On voit les degrés s'élever de 1° à 1,5° par semaine, les acidités restant, elles, plutôt élevées.
La pleine maturité est atteinte dans nos vieilles vignes dès le début septembre. Les vendanges commencent le 1er septembre et vont durer jusqu'au 11 septembre pour les vins rouges. Notre équipe de vendangeurs va encore une fois faire le travail de "haute-couture" que nous lui demandons, tant au niveau de l'élimination du botrytis que de la sélection selon la maturité des raisins.
De nos vieilles vignes de plants fins, du millerange généralisé et du tri sévère pour à la fois supprimer le botrytis sec et laisser les grappes moins mûres, résultent des rendements faibles et une récolte de quantité très moyenne (22 à 28hl/ha selon les crus).
Les cuvaisons, étroitement surveillées par Bernard Noblet, se sont très bien déroulées.
Les décuvages viennent de se terminer, il est trop tôt bien sûr pour apporter un jugement définitif sur des vins à peine sortis des "douleurs" de la fermentation. Les robes sont rouge sombre, les bouquets classiques ; en bouche on trouve de la fermeté, mais aussi du volume. Il faudra attendre les "malolactiques", que nous ne voulons surtout pas hâter, pour se faire une idée plus précise des caractères de ce millésime.
La vigne de Montrachet va connaître un sort très différent de celui de nos Pinots de Vosne. Autant ceux-ci en pleine maturité dès la mi-août ont souffert des huit orages qui leur ont été infligés et seront "mordus" sévèrement par le botrytis. Autant les Chardonnays, grâce à leur décalage de véraison, vont franchir cet écueil aoûtien sans être touchés par le botrytis. A partir de là, il était urgent d'attendre.
Les raisins mûrissent, mais lentement et la pleine maturité n'est atteinte que vers la mi-septembre. Nous vendangeons, les derniers, le 17 septembre, des raisins de Montrachet dorés et ultra mûrs. La récolte est belle également en quantité.
En conclusion, le mois d'août et ses orages nous ont amenés près de la défaite, mais l'effort du vigneron en vue d'une maitrise naturelle des rendements de la vigne, complétée bien sûr par un tri minutieux, a permis de profiter à plein des 5 semaines de grand beau temps qui nous furent accordées du 20 août jusqu'à la fin septembre et même au-delà.